L’ancrage est un concept indiquant que j’habite entièrement mon corps, que je suis à son écoute, que je l’entends. Dans nos vies occidentales la charge mentale est telle qu’elle concentre toute notre attention. A force de vivre dans nos pensées nous perdons l’essence de nos sens. Il peut arriver que nous ne ressentions plus notre corps, que nous n’entendions plus les signaux qu’il nous envoie. Il n’est plus connecté au monde sensoriel. Toute posture de méditation est une porte pour l’ancrage, que ce soit la posture du Wu-Ji en Qi-Gong ou la posture de la montagne (tadasana) en yoga.

Les appuis et la respiration nous mèneront à ressentir l’instant présent, « l’ici et le maintenant ». L’ancrage nous permet de nous enraciner dans cet univers des sens, tel un arbre vers la lumière.

Un pied bien enraciné sur la terre nourricière est un préalable à toute pratique psycho-corporelle, le yoga ou le Qi-gong. Ressentir chaque point est une des clés de l’équilibre et de la proprioception. Enracinez vos pieds en conscience, en décomposant le mouvement pour ressentir chacun des points de connexion à la Terre.

Bien ancrer la périphérie de chaque pied et chercher à soulever les voûtes plantaires. Ce contact avec le sol dynamise les muscles des pieds et des jambes. Cette étape est essentielle : mieux vous êtes ancré(e) dans le sol et plus vous vous allongez. Chercher à ressentir les points d’appuis : sous le centre du talon, le long du bord externe de la voûte plantaire. Plier et fléchir les orteils, comme pour prendre quelque chose avec les pieds. Relâcher progressivement la flexion, jusqu’à sentir l’appui sous la base du gros orteil. Enfin, écarter chacun des orteils en recherchant les sensations sous chacun d’eux.

Il existe de nombreux outils nous permettant de reprendre possession de nos sensations corporelles : méditation, le Yoga, le Qi-gong, la danse, etc. La posture de la montagne (tadasana) en yoga ou la posture de base en Qi-gong (wu-ji) sont des moyens très intéressants pour expérimenter l’ancrage.

1) Écarter sensiblement les pieds et placer les bords externes parallèles (pour le wu-ji, les pieds sont écartés à la largeur des épaules ou du bassin), et bien ancrer les appuis.

2) En remontant, contracter les quadriceps. Comme si vous aviez un coussin entre vos cuisses, vous cherchez à le pousser vers l’arrière (vous pouvez aussi positionner physiquement un coussin ou une brique de yoga entre vos cuisses). La sensation peut être perçue dans les talon qui cherchent à s’ouvrir tandis que le corps cherche à grandir.

3) Les hanches relâchées, localiser le périnée et le tirer vers le haut. C’est un mouvement essentiel pour préserver la longueur de la colonne lombaire. En remontant le pubis les abdominaux se tendent, les lombaires se détendent.

4) Plus haut, étirer le sternum vers le haut et l’avant, ouvrir la poitrine avec une subtile rotation des épaules vers le haut et l’arrière. Étirer le dos et abaisser les épaules. Les omoplates descendent et les bras pendent naturellement le long du corps.

5) Étirer la nuque jusqu’au sommet du crâne, rentrer le menton, dans une extension de toute la longueur de la colonne verticale, expirer et se grandir des pieds à la tête.

Dans ces postures, je suis dans une recherche d’équilibre, vers l’auto-grandissement, l’allongement.

Le corps est étiré mais reste détendu. Cependant l’histoire d’un corps peut faire que la posture ne soit pas alignée comme on le voudrait. L’idéal d’alignement ne peut être tenu sur la durée.

Gardons à l’esprit que l’inconscient de notre cerveau choisit toujours la meilleure combinaison à court-terme avec notre morphologie et notre souplesse, vise l’économie d’énergie et tient compte de nos antécédents de santé.

L’ancrage avec nos sens et avec notre volonté peut lui permettre de voir à plus long terme, de corriger un affaissement ou une asymétrie, dans les limites de notre physiologie.